Dossier Superbowl LIII – « Greatest Show on Turf 2.0 » ?

Dossier Superbowl LIII – « Greatest Show on Turf 2.0 » ?
Sep 17, 2017; Los Angeles, CA, USA; Los Angeles Rams head coach Sean McVay congratulates quarterback Jared Goff (16) and Los Angeles Rams running back Todd Gurley (30) after a touchdown in the second half of the game at the Los Angeles Memorial Coliseum. Mandatory Credit: Jayne Kamin-Oncea-USA TODAY Sports

La plus grande période de l’histoire des Rams correspond au « Greatest Show on Turf », un surnom donné à l’attaque fabuleuse de l’équipe lors des années 1999, 2000 et 2001. Dick Vermeil et surtout Mike Martz ont pu compter sur des joueurs uniques et sur des concepts novateurs pour dominer la ligue offensivement, participer à deux Superbowls et en remporter un. Près de 20 ans plus tard, Sean McVay a relancé la franchise dans le sillage d’une attaque performante, mais peut-on parler de « Greatest Show on Turf 2.0 » ?

Origines et concepts

Cette idée de « Greatest Show on Turf » naît en 1999 chez les Rams, lorsque Dick Vermeil est le coach principal et Mike Martz son coordinateur offensif. Ce dernier succèdera à son mentor dès la saison suivante. Mais les origines de cette attaque de feu remontent à plus loin et proviennent du style appelé « Air Coryell ». 

Développé par Sid Gillman puis affiné par Don Coryell à San Diego State puis chez les San Diego Chargers, ce système a notamment crée la fantastique attaque des Chargers à la fin des années 70 et au début des années 80. Dan Fouts, Charlie Joiner et Kellen Winslow en sont les premiers représentants sur le terrain, et ils sont tous Hall of Famer aujourd’hui. 

Ce qui caractérise ce système de jeu, c’est d’abord ce qu’il se passe avant le snap. Jusqu’a 5 receveurs sont présents (dont des RB et des TE), et beaucoup d’ajustements sont fait en fonction de la défense adverse (zone, individuelle…). La deuxième caractéristique clé est la verticalité, puisque la première option est toujours une passe dans la profondeur. Les solutions de replis étant des screen pass ou des receveurs intercalés. Pour que ce système réussisse, il faut évidemment des joueurs avec des profils particuliers. Le quarterback doit avoir un gros bras, être bon dans sa pocket et pouvoir placer la balle où il faut dans la profondeur. Les receveurs doivent être rapides et capables d’adapter leurs routes. Les tight-ends deviennent des vrais receveurs. Le running-back est également très important car un jeu au sol efficace permet d’ouvrir des brèches dans les airs, et un joueur capable de courir à l’intérieur est souhaité. Quand à la protection du QB, elle doit être excellente pour laisser le temps de trouver une option dans la profondeur. 

Kurt Warner et Marshall Faulk remportent les 3 trophée de MVP entre 1999 et 2001

Lorsque Vermeil et Matz mettent en place ce système chez les Rams, c’est qu’ils sont persuadés d’avoir les joueurs adaptés. 

Les joueurs

Quarterback : Kurt Warner


Matchs  joués % passes  réussies Yards Touchdowns Interceptions Rating
1999 16 65.1 4 353 41 13 109.2
2000 11 67.7 3 429 21 18 98.3
2001 16 68.7 4 830 36 22 101.4

Et dire qu’il n’aurait jamais du être là. Non-drafté en 1994 et passés par l’Arena Football League et l’Europe, Warner se retrouve finalement backup de Trent Green en 1999. Et lorsque le titulaire se blesse avant la saison, Dick Vermeil place sa confiance en lui et la suite fait partie de l’histoire. Warner lance 14 touchdowns sur les 4 premiers matchs et finit MVP grâce à ses 4 353 yards et 41 touchdowns. En playoffs, il humilie les Vikings avec 391 yards et 5 touchdowns, puis connaît son match le plus compliqué en lançant 3 interceptions en finale de conférence contre Tampa. Mais Warner rebondi au Superbowl en menant son équipe à la victoire avec 414 yards et 2 touchdowns. 

En 2000, il démarre de nouveau très fort mais se blesse à la main en milieu de saison. Malgré une nouvelle saison de haute volée, les Rams déçoivent en sortant dès les wild-cards. A l’issue de cette saison, Trent Green est transféré, laissant la voie libre à Warner. Le QB retrouve sa forme de MVP en 2001 et s’offre d’ailleurs le trophée en menant la NFL avec 36 touchdowns. Malgré un taux d’interceptions toujours élevé, il ramène les Rams au Superbowl pour la deuxième fois en trois ans. Il y lance pour 365 yards et 2 touchdowns (pour 2 interceptions), mais les Pats sortent vainqueurs à la dernière seconde. 

Running-back : Marshall Faulk


Matchs joués Yards au sol TD au sol YPA Réceptions Yards dans les airs TD dans les airs
1999 16 1 381 7 5.5 87 1 048 5
2000 14 1 359 18 5.4 81 830 8
2001 14 1 382 12 5.3 83 765 9

Le RB arrive à Saint Louis en 1999, après avoir joué ses 4 premières saisons pro à Indianapolis. Point central du « Greatest Show on Turf », Faulk produit quelques unes des meilleures saisons de l’histoire à son poste grâce à sa capacité à gagner des yards et à marquer au sol comme dans les airs. Dès sa première saison, il établit un record NFL avec ses 2 429 yards de scrimmage, un chiffre depuis battu par Chris Johnson en 2009. Il est de nouveau au dessus des 2 000 yards les deux saisons qui suivent, et s’illustrent également en marquant 26 et 21 touchdowns. Meilleur joueur offensif de la NFL trois ans de suite, il remporte le trophée de MVP en 2000. 

Bien limité au sol (17 yards) par les Titans lors du Superbowl XXXIV, Faulk avait alors montré qu’il était impossible de l’éteindre complètement en gagnant 90 yards dans les airs. Lors du Superbowl XXXVI, il totalise 130 yards de scrimmage (76 au sol, 54 dans les airs). 

Receveurs : Isaac Bruce et Torry Holt

Isaac Bruce


Réceptions Yards Touchdowns
1999 77 1 165 12
2000 87 1 471 9
2001 64 1 106 6

Torry Holt


Réceptions Yards Touchdowns
1999 52 788 6
2000 82 1 635 6
2001 81 1 363 7

Drafté en 1994 par les Rams, Isaac Bruce est déjà performant avant la période du « Greatest Show on Turf », avec notamment une saison exceptionnelle en 1995 où il affiche 1 781 yards et 13 touchdowns (toujours le 5ème meilleur total en yards sur une saison). Mais lorsque Kurt Warner prend le reines de l’attaque, le receveur sort de deux saisons compliquées du fait de blessures. En 1999, il est le leader des Rams dans les airs en saison régulière et en playoffs, et s’illustre en marquant le touchdown (de 73 yards) qui sera décisif lors du Superbowl XXXIV. 

Torry Holt est un rookie en 1999, pris avec le 6ème choix de la Draft. Très à l’aise dès sa première saison, il va rapidement devenir l’un des meilleurs receveurs de la ligue. A partir de 2000, il réussit une série de six saisons de rang à plus de 1 300 yards. En 2000 toujours, Holt et Bruce deviennent le deuxième duo de receveurs à franchir la barre des 1 400 yards lors de la même saison. 

Tackle : Orlando Pace

Drafté en numéro 1 de la Draft 1997, Orlando Pace est devenu le roc sur la ligne offensive des Rams pendant de nombreuses saisons. Lors de la période du « Greatest Show on Turf », il joue tous les matchs de son équipe et est sélectionné 3 fois au Pro-Bowl. Force de la nature, jamais pénalisé, il a largement contribué à l’installation d’une des meilleures attaques de l’histoire, et il reste l’un des meilleurs Tackle que ce sport ait connu. 

La période d’or des Rams

Ces trois années représentent donc la meilleure période de l’histoire des Rams, avec 2 participations au Superbowl (dont 1 victoire), 3 trophée de MVP consécutifs (2 pour Warner, 1 pour Faulk) et une attaque jalousée par tout le pays. Et si la saison 2000 est un peu moins aboutie avec un sortie dès les wild-cards, c’est à cause d’une défense qui a concédé énormément de points cette année-la. En ce qui concerne l’attaque, le spectacle proposé était aussi éblouissant que productif. Pendant trois ans, les Rams ont réécrit les livres de records. 

Mike Martz et Kurt Warner

Lors des trois saisons entre 1999 et 2001, les Rams marquent à chaque fois plus de 500 points, dont une pointe à 540 en 2000. En 1999, ils mènent la NFL en yards (6 639), en yards dans les airs (4 580) et en touchdowns dans les airs (41). Même combat en 2000, avec des premières positions en yards (7 335), yards à la passe (5 492), touchdowns dans les airs (37) mais aussi touchdowns au sol (26). Et ça continue en 2001, avec une position de numéro 1 en yards (6 930), yards dans les airs (4 903), touchdowns dans les airs (37) et touchdowns au sol (20). 

Le chiffre de 7 335 yards gagnés au total en 2000 est longtemps resté un record en NFL, jusqu’en 2011 lorsque les Saints gagnent 7 474 yards. 

Peut-on parler de retour du « Greatest Show on Turf » ?

Depuis la saison dernière et l’arrivée de Sean McVay, les Rams font partie des meilleures attaques du pays, et on ne peut s’empêcher d’y voir quelques similarités avec l’équipe du « Greatest Show on Turf ». 

Sean McVay est le Mike Martz de l’époque, à savoir un coach résolument porté sur l’attaque et qui n’hésite pas à innover. Lorsque le jeune coach est arrivé à Los Angeles avant la saison 2017, il a récupéré la pire attaque de la ligue. En quelques mois, les Rams étaient dans le top 10 dans toutes les catégories offensives majeures et numéro 1 en points marqués par match (29.9). La progression s’est confirmée en 2018, puisque les Rams se sont classés dans le top 5 dans toutes les catégories statistiques majeures, sachant que de nombreuses très bonne attaques régissent actuellement la NFL. 

En ce qui concerne le poste de quarterback, les différences entre Kurt Warner et Jared Goff sont nombreuses. D’un côté un joueur non-drafté, de l’autre un premier choix de Draft. Mais il sera difficile pour Goff de faire aussi bien que Warner sur sa période « Greatest Show on Turf », puisque ce dernier s’offre deux trophée de MVP en trois ans et affiche 12 612 yards et 98 touchdowns. En deux grosses saisons avec McVay, Goff affiche 8 492 yards et 60 touchdowns, et n’est donc pas très loin des temps de passage de Warner, mais quelques passages à vide l’empêche de s’inviter dans la course au trophée de MVP. 

La plus grosse similarité est surement le poste de RB où Todd Gurley rappelle Marshall Faulk, même si ce dernier place la barre haute avec trois titre de meilleur joueur offensif consécutifs et un trophée de MVP en 2000. Gurley a été élu meilleur joueur offensif en 2017, et était encore bien partie cette saison avant une fin de saison perturbée par une blessure au genou. Au dessus des 2 000 yards de scrimmage en 2017, il échoue de peu cette année. Tout comme Faulk, Gurley s’illustre également par sa capacité à marquer beaucoup, avec 19 et 21 touchdowns sur les deux dernières saisons, des chiffres assez proche des 26 de Faulk en 2000. 

Le constat est le même pour le corps de receveurs, qui a fort à faire pour atteindre les performances du duo Isaac Bruce / Torry Holt. Rappelons que les deux receveurs ont notamment réussi a terminé tous les deux au-dessus des 1400 yards en 2000, en terminant respectivement leader et 3ème de NFL. Avec l’arrivée de Brandin Cooks, les Rams possèdent un superbe duo, qui a d’ailleurs passé les 1200 yards cette saison (1 219 pour Robert Woods, 1 204 pour Cooks). La blessure du slot receveur Cooper Kupp nous a empêché de voir si un troisième receveur pouvait aller titiller la barre des 1000 yards. 

Terminons avec la ligne offensive, l’une des meilleure de NFL depuis deux saisons, notamment grâce à l’addition d’Andrew Whitworth sur le blind side de Jared Goff. Certes, il n’y a pas un joueur du talent d’Orlando Pace sur cette ligne, mais elle globalement très solide et Goff se fait moins sacker que Warner. 

Il y a donc encore du travail à faire pour atteindre le niveau stratosphérique de l’attaque de Mike Matz, et donc pour parler de « Greatest Show on Turf 2.0 ». Mais Sean McVay et les Rams ont construit une attaque très performante, qui a permis à la franchise de retrouver le sommet. 

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