Playoffs NFL – Les clés des 4 matchs du Divisional Round
Plongeons un peu plus dans ce Divisional Round, en décryptant les principales clés pour chaque match. Du retour de Derrick Henry pour les Titans, au cas Deebo Samuel à San Francisco, et en passant par le duel Josh Allen – Patrick Mahomes, voici les clés des 4 rencontres du week-end.
Tennessee Titans vs Cincinnati Bengals
Quel impact pour le retour de Derrick Henry ?
Absent lors des 9 derniers matchs de la saison, Derrick Henry est officiellement sorti de la liste des blessures avant ce premier match de playoffs des Titans. Dans la lignée de sa saison 2020 exceptionnelle (plus de 2 000 yards au sol), le RB était parti très fort et était largement leader au sol avant de se blesser. Ses qualités physiques hors du commun lui permettent d’être l’un des joueurs les plus dangereux de NFL, et son retour rend Tennessee plus fort. Reste à savoir dans quel état il est après autant de temps d’absence, et s’il sera capable de jouer tous les snaps…
Sans Henry, les Titans ont mis quelques matchs à s’adapter, mais ils ont plutôt bien géré la situation et ils sont globalement restés efficaces au sol. Le duo D’Onta Foreman – Dontrell Hilliard n’est pas au niveau du King, mais ils ont fait le boulot. On peut donc imaginer un retour limité pour Derrick Henry, avec les deux autres running-backs toujours utilisés régulièrement.
Dans tous les cas, Tennessee essaiera évidemment d’installer son jeu au sol samedi face à Cincinnati. Car dominer au sol aura deux avantages pour l’équipe. Si les Titans parviennent à être efficaces dans ce secteur, cela permettra de retirer de la pression sur Ryan Tannehill et d’ouvrir le jeu aérien pour A.J Brown ou Julio Jones notamment. Et il ne faut pas oublier que le QB est également capable de profiter de l’aspiration créée par ses RB pour aller marquer lui-même sur des courses (7 TD cette saison). Ensuite, le fait de jouer au sol permet de faire durer les possessions plus longtemps, et ainsi d’éviter de rendre la balle à l’adversaire. Et c’est un point clé quand on connaît la forme de Joe Burrow et de l’attaque aérienne des Bengals.
Autre élément à suivre, il concerne la défense de Cincinnati. Trois titulaires sont sortis sur blessure face aux Raiders : Trey Hendrickson, Larry Ogunjobi et Mike Daniels. Si le premier est plutôt un spécialiste du pass-rush, les deux autres joueurs sont très importants devant pour contrer le jeu au sol.
La ligne offensive de Cincinnati peut-elle protéger Joe Burrow ?
SI les prouesses de Joe Burrow, Ja’Marr Chase et compagnie masque certains défauts, il ne faut pas oublier certaines réalités. Comme celle de la protection encore douteuse de Joe Burrow par sa ligne offensive. Le quarterback avait vu sa saison 2020 se terminer sur une grosse blessure au genou, et il a encore pris 55 sacks cette saison. Les Bengals sont ainsi 30ème de NFL dans ce secteur. Les problèmes viennent souvent du côté droit, où Isaiah Prince (RT) et Hakeem Adeniji (RG) souffrent. Les Titans n’ont pas le pass-rush le plus féroce, mais des joueurs comme Harold Landry, Denico Autry ou Bud Dupree savent chasser les QB.
Si Joe Burrow a suffisamment de temps pour trouver ses receveurs, on sait qu’il saura en profiter pour découper la défense de Tennessee. Surtout que les Titans n’ont que la 25ème défense de NFL dans ce secteur, et qu’ils ont tendance à allouer beaucoup de longs gains (27ème de NFL sur les passes de 20 yards ou plus). Une perspective qui peut inquiéter quand on voit la forme de l’attaque aérienne de Cincinnati, avec un Joe Burrow en feu, un Ja’Marr Chase insaisissable, et une profondeur exceptionnelle avec Tee Higgins, Tyler Boyd ou C.J Uzomah.
Green Bay Packers vs San Francisco 49ers
La défense des 49ers peut-elle limiter Aaron Rodgers ?
Si les 49ers ont gagné leurs deux derniers matchs (Rams, Cowboys), qui étaient couperets à chaque fois, c’est notamment grâce à leur défense. La première lame est un pass-rush féroce, qui n’a pas laissé tranquille Matthew Stafford puis Dak Prescott. Face à Dallas le week-end dernier, les Niners ont ainsi signé 5 sacks et 14 QB hits, des chiffres conséquents. L’autre zone importante est le jeu au sol, très solide contre les Cowboys aussi, car ni Ezekiel Elliott, ni Tony Pollard n’ont brillé.
Le soucis est que les Niners ont plusieurs joueurs défensifs blessés, et pas des moindres. Nick Bosa, le meilleur pass-rusher de l’équipe, est en protocole commotion, et le linebacker et leader Fred Warner est lui aussi sorti à cause d’une blessure à la cheville. Les deux joueurs sont donc incertains pour le match face à Green Bay. Et pour ralentir Aaron Rodgers, il faudra que les meilleurs éléments soient là.
Car le QB des Packers est un homme en missions. Au pluriel, car si l’objectif ultime est d’aller chercher son 2ème Super Bowl, il veut avant éliminer une équipe de San Francisco qui ne lui réussit pas en playoffs. En 3 matchs face aux 49ers, Rodgers n’a jamais gagné, et il a même pris des claques en 2012 et 2020… Rodgers est en course pour un nouveau trophée de MVP, et sa saison est encore exceptionnelle. Sur les 7 derniers matchs, il affiche 1 929 yards et 20 touchdowns pour 0 interception. Et l’attaque aérienne de Green Bay se porte très bien, puisque sur les 5 derniers matchs de la saison, Davante Adams et Allen Lazard sont les WR qui affichent le plus de touchdowns en NFL (6 et 5). Le premier confirme son statut de référence au poste, tandis que le second s’impose comme un vrai numéro 2.
Autre élément important, la ligne offensive des Packers a retrouvé des forces dernièrement. Absent toute la saison du fait d’une grave blessure, David Bakhtiari a retrouvé les terrains lors de la dernière journée, et il est l’un des meilleurs Left Tackle de la ligue. Autre titulaire, le Centre rookie Josh Myers est également revenu.
Deebo Samuel, le facteur X ultime ?
On aurait pu choisir Jimmy Garoppolo comme facteur X, car ses performances peuvent décider de la tournure du match. Le QB est souvent bon mais il est également capable d’erreurs à des moments cruciaux, comme ce week-end lorsqu’il a relancé Dallas avec une interception. C’est d’ailleurs un problème récurrent pour le QB, qui affiche 5 interceptions sur les 3 derniers matchs, malgré une bonne protection.
Mais un autre joueur est crucial à cette attaque de San Francisco : Deebo Samuel. Le WR de formation est en fait une arme offensive complète, et surement la plus dangereuse actuellement en NFL. Elu All-Pro cette année, Samuel affiche 1 405 yards et 6 touchdowns dans les airs, mais également 365 yards et 8 touchdowns au sol. Explosif et insaisissable, Samuel est capable de transformer une action anodine en « big play » ou en touchdown, car il est un spécialiste des yards gagnés après la réception et/ou après le premier contact. Les Niners sont d’ailleurs numéro 1 en NFL dans cet exercice, car d’autres joueurs comme George Kittle ne sont pas mauvais non plus.
Face aux Packers, qui ont une très bonne défense dans les airs, San Francisco devrait donc continuer d’appliquer son plan de jeu classique, qui passe par un jeu au sol efficace. Après tout, c’est dans l’ADN récent de cette équipe, et plusieurs victoires en playoffs contre Green Bay ont été acquise grâce à un jeu de courses dominant (323 yardsen 2012, 285 yards en 2020). Le rookie Elijah Mitchell est le RB numéro 1 des Niners, mais Deebo Samuel est désormais très souvent utilisé sur le backfield et il fait de gros dégâts. Face à Dallas, il a ainsi porté la balle 10 fois, pour 72 yards et 1 touchdown.
Certaines phases de jeu seront particulièrement clé sur cette rencontre pour Green Bay, ce sont les possessions en redzone. Aucune équipe n’est plus dangereuse que San Francisco dans cette zone, et la défense des Packers a du mal (27ème).
Tampa Bay Buccaneers vs Los Angeles Rams
Les blessures en attaque peuvent-elles finir par peser sur les Bucs ?
Epargnés par les blessures la saison dernière, les Buccaneers ne sont pas si bien lotis cette année. Sur la fin de la saison, cette équipe a ainsi perdu des forces vives sur ses « skills position », avec la grosse blessure de Chris Godwin (ACL), et les pépins physiques des deux RB principaux : Leonard Fournette et Ronald Jones, qui étaient encore absents la semaine dernière. Et il faut ajouter le départ d’Antonio Brown. Fournette pourrait être de retour face aux Rams, et si c’est « Playoffs Lenny » qui revient, c’est une très bonne nouvelle pour Tampa. Evidemment, cette attaque n’est pas à sec, puisque Mike Evans et Rob Gronkowski sont là. Ce dernier devrait d’ailleurs rester le meilleur ami de Tom Brady ce week-end, car les Rams ont du mal à défendre les TE.
Si les absences citées ci-dessus sont dommageables, elles ne m’inquiètent pas réellement. C’est une autre histoire pour la ligne offensive, qui a laissé des plumes contre Philadelphia dimanche. La très mauvaise nouvelle est la blessure du RT Tristan Wirfs (cheville), qui est surement le meilleur lineman des Bucs et qui est incertain pour ce week-end. Et le problème est que son remplaçant, qui a souffert face aux Eagles, est lui aussi touché. Et il y a également le Centre Ryan Jensen est lui aussi touché à la cheville et incertain.
Durant la saison régulière, Tom Brady a été le quarterback le moins sacké de NFL, mais face à Philly, il en a pris 4 du fait de la baisse de talent devant lui. Si Wirfs et Jensen ne sont pas là dimanche, le QB pourrait se retrouver souvent sous pressions, car les Rams ont des atouts dans ce secteur avec des stars comme Aaron Donald ou Von Miller. Le premier sème le chaos partout où il passe et le second est en pleine forme et est souvent aligné sur le côté droit pour l’OL… Et on le sait, la recette du succès pour éliminer Brady en playoffs a toujours été de lui mettre la pression sans relâche.
Comment Matthew Stafford va réagir face aux blitzs ?
Si Tom Brady va jouer son 17ème match de Divisional Round (avec un bilan de 14-2 pour le moment), Matthew Stafford est un novice. Le QB des Rams a enfin remporté son premier match en playoffs la semaine dernière, et chaque victoire sera un dépucelage. Excellent lors du premier duel face à Tampa, Stafford a connu une fin de saison en dents de scie, avec trop d’interceptions notamment.
L’objectif pour Bruce Arians et les Bucs sera donc de forcer le QB à commettre des erreurs. Et pour cela, on peut imaginer que la défense de Todd Bowles va de nouveau tenter de nombreux de blitzs, une spécialité maison car aucune équipe n’en a plus utilisé durant la saison. Et si l’attaque a beaucoup d’absent, la défense a récupéré plusieurs titulaires la semaine dernière, comme Shaquil Barrett, Jason Pierre-Paul ou Lavonte David.
Cependant, il faut analyser une stats un peu étonnante au sujet de Matthew Stafford. Pas à l’aise sous pression, il affiche une efficacité très moyenne et beaucoup d’erreurs. Mais dans le même temps, il est très bon pour reconnaître les blitzs et est le meilleur QB de NFL cette saison dans cet exercice… Il faudra donc que les Bucs masquent leurs intentions pour éviter de se faire prendre à leur propre jeu. Car si Stafford parvient à trouver ses receveurs, il a des armes qui peuvent faire des dégâts. Cooper Kupp est une machine, et il a terminé la saison régulière leader en réceptions, yards et touchdowns (triple couronne), et Odell Beckham Jr semble parfaitement intégré et sort de son meilleur match avec les Rams.
Kansas City Chiefs vs Buffalo Bills
Vers un duel Mahomes – Allen d’anthologie ?
C’est comme si les deux quarterbacks s’étaient répondus ce week-end. Dans la nuit de samedi à dimanche, Josh Allen a sorti un match d’exception face aux Patriots, avec 308 yards dans les airs, 68 au sol et 5 touchdowns. Il a ainsi mené son équipe à 7 touchdowns en 7 possessions. Le lendemain, Patrick Mahomes a commencé doucement, avec 1 interception, mais il a ensuite répondu de façon cinglante avec 5 touchdowns en 11 minutes et il affiche 404 yards au final.
Josh Allen a montré plusieurs fois qu’il était capable de dominer les matchs, avec son bras comme avec ses jambes. Il a ainsi détruit à deux reprises la défense de New England durant les dernières semaines, et il avait également été brillant contre Kansas City lors de la Week 5. Lors du succès 38-20 de Buffalo, il avait lancé pour 315 yards et 3 touchdowns et couru pour 59 yards et 2 touchdowns.
Patrick Mahomes a connu une saison moins aboutie que les précédentes, mais il est clairement de retour au top sur la fin de la saison régulière et sur le début des playoffs. Depuis la Week 14, il affiche ainsi 17 touchdowns pour seulement 2 interceptions (en 6 matchs) et Kansas City a marqué 36.5 points en moyenne sur cette période.
Pour aider leurs quarterbacks, les deux équipes présentent des forces assez similaires, avec notamment une belle profondeur du corps de receveurs. Les Bills s’appuient sur leur option numéro 1, qui est Stefon Diggs, mais également sur le TE Dawson Know, une vraie menace en redzone, et sur d’autres contributeurs récurrents comme Isaiah McKenzie, Emmanuel Sanders ou Gabriel Davis. Les Chiefs sont évidemment emmenés par le duo Tyreek Hill – Travis Kelce, mais d’autres joueurs sont concernés, comme Mecole Hardman, Demarcus Robinson et Bryon Pringle. Cette profondeur explique en partie pourquoi ces deux attaques aériennes sont parmi les plus dangereuses de NFL.
Quelle défense est la mieux armée ?
Pour contrer des attaques aussi fortes, les défenses vont avoir fort à faire, mais les deux présentent de belles qualités. Et là aussi il y a des similarités entre les deux équipes, avec une plus grande solidité dans les airs qu’au sol. Celle de Buffalo est assez complète et plutôt très régulière sur la saison, tandis que celle de Kansas City a souffert au début avant de devenir redoutable. Sur les 10 derniers matchs de la saison (9 victoires), elle affiche notamment plus d’interceptions (15) que de touchdowns encaissés (12).
Pour les Bills, la force est surement le duo de Safety : Micah Hyde et Jordan Poyer, qui est peut-être le meilleur de la ligue. Le rôle des deux joueurs sera important dimanche, car ils devront aider les cornerbacks et linebackers dans le travail de couverture. Un des deux aura probablement la mission de surveiller Travis Kelce dans les espaces au centre de terrain.
Du côté des Chiefs, le challenge sera de réussir à mettre la pression sur Josh Allen, pour le forcer à faire des erreurs (15 interceptions cette saison), mais sans qu’il sorte de sa pocket. Car s’il parvient à échapper à la pression, il peut faire de gros dégâts avec son bras puissant ou avec ses jambes. Et on peut dire qu’il est bien protégé puisqu’il n’a pris que 27 sacks cette saison (n°2 NFL) et aucun face aux Pats au tour précédent. Grosse mission donc pour Chris Jones à l’intérieur, et pour Frank Clark ou Melvin Ingram sur l’extérieur.