[Légendes de NFL] – Jim Brown, running-back surpuissant et personnalité complexe

[Légendes de NFL] – Jim Brown, running-back surpuissant et personnalité complexe

Malgré une personnalité complexe, avec d’un côté des mœurs douteuses et de l’autre un activisme permanent, Jim Brown reste une légende de l’histoire du football américain. Devenu une star dès le niveau universitaire, il a acquis le statut de légende après 9 saisons de domination en NFL. Il est ainsi toujours considéré comme l’un des meilleurs joueurs de l’histoire de ce sport, même plus de 50 ans après son dernier match.

De la petite île de St Simons à Hollywood, en passant par Cleveland, Jim Brown a côtoyé des personnalités diverses comme Art Modell, Muhammad Ali ou Arnold Schwarzenegger. Découvrez son histoire tourmentée, entre domination sportive, cinéma et activisme.


Carte d’identité

  • James Nathaniel Brown
  • Né le 17 février 1936, à St Simons Island (Georgia)
  • 1m88 / 105 kg
  • Position : FB/RB
  • Numéro : 44 (université), 32 (NFL)

Des qualités sportives hors du commun

Né sur une île au large de l’État de Georgie, Jim Brown est élevé par sa grand-mère. Son père, un boxeur professionnel, « abandonne » la famille lorsqu’il a 2 mois, et sa mère doit partir à New-York pour travailler. Ce n’est qu’à l’âge de 8 ans que Jim la rejoint à Long Island, où elle est femme de ménage. Le changement n’est pas forcément évident à gérer au départ pour le garçon, qui débarque dans un quartier très majoritairement blanc.

Inscrit au lycée de Manhasset ensuite, il va rapidement briller par ses qualités sportives. Il s’illustre dans l’équipe de football américain avec 14.9 yards par course en moyenne, il domine dans l’équipe de basket avec 38 points par match, et il est également membre des équipes de baseball, de lacrosse et d’athlétisme. So polyvalence et ses bonnes voire excellentes performances dans différents sports attirent les recruteurs du pays. Mais parmi les nombreux prétendants, Jim Brown décide de rester dans l’Etat de New York et s’engage avec l’université de Syracuse.

Un athlète multi-sports au niveau universitaire

Lorsqu’il rejoint Syracuse au début des années 50, Brown continue de jouer à plusieurs sports. De nombreux experts jugent que son meilleur sport est lacrosse. Elu All-American dans cette discipline, sa domination a obligé des changements de règles. Preuve de son talent, il est membre du Hall of Fame de lacrosse, sans avoir pratiqué au niveau professionnel… En basket, il affiche plus de 13 points par match en moyenne, mais il ne peut pas jouer lors de sa dernière année du fait d’une règle obscure qui limite le nombre de titulaires noirs…

Jim Brown Lacrosse
Jim Brown avec l’équipe de Lacrosse de Syracuse (photo : SI)

Mais c’est bien le football qui devient progressivement son sport numéro 1, et qui va faire lui une vraie star. En 1954, il n’est que RB numéro 2 des Orange mais termine tout de même avec 439 yards (5.9 YPA). En 1955, Jim Brown devient le numéro 1 et affiche 666 yards (5.2 YPA) et 6 touchdowns. Enfin, il explose les compteurs en 1956, avec 986 yards (6.2 YPA) et 13 touchdowns. A l’époque, il ne jouait que 8 matchs par saison. Lors de cette dernière saison universitaire, il est élu All-Americain et il termine 5ème dans les votes pour le trophée Heisman.

Légende de Syracuse, Jim Brown a vu son numéro 44 être retiré par l’université. Et il est logiquement un membre du College Football Hall of Fame.

Une carrière NFL dominante

Lors de la Draft 1957, Jim Brown est sélectionné en 6ème position par les Cleveland Browns. Cette année-là, le numéro 1 de la Draft est le Hall of Famer Paul Hornung (Green Bay), et un membre du panthéon du football américain est pris juste avant lui : Len Dawson (Pittsburgh).

Avec son numéro 32 dans le dos, Jim Brown ne va pas mettre longtemps à s’imposer dans l’élite. Les Browns n’avaient pas l’habitude de lancer rapidement leurs rookies à l’époque, mais le talent de Brown était tel qu’ils n’ont pas eu le choix. Dès son 9ème match en NFL, le RB bat un record NFL en gagnant 237 yards au sol. Ce record va tenir 16 ans (battu par O.J Simpson), et restera une référence pour un rookie pendant plus de 40 ans. Il affiche 942 yards en fin de saison, le meilleur chiffre de la ligue, et ce sera son plus faible total en carrière. Il marque également 9 touchdowns et remporte les trophée de MVP et de Meilleur Rookie Offensif. Des distinctions multiples qui vont devenir une habitude.

Lors de sa deuxième année, en 1958, Jim Brown bat le record NFL de yards au sol sur une saison, avec 1 527 en 12 matchs. La précédente marque est explosée (1 146 yards par Steve Van Buren avec les Eagles en 1949). Il marque également 17 touchdowns et remporte un deuxième trophée de MVP.

La suite de sa carrière de 9 ans va être jouée sur le même rythme, avec une domination assez incroyable. Lorsqu’il raccroche les crampons après la saison 1965, Brown possède de très nombreux records NFL.

  • 12 312 yards au sol (numéro 1 dans l’histoire, battu en 1984 par Walter Payton)
  • 106 touchdowns au sol (numéro 1 dans l’histoire et 1er joueur à passer la barre des 100 touchdowns (en 93 matchs)).
  • 104.3 yards par match en moyenne (toujours le chiffre référence aujourd’hui)

A ce jour, Jim Brown reste le RB le plus prolifique de l’histoire des Cleveland Browns, et il est toujours 11ème dans l’histoire en yards au sol et 6ème en touchdowns au sol. En 1963, il avait battu son propre record en gagnant 1 863 yards (en 14 matchs). Ce record tiendra 10 ans, jusqu’à ce qu’O.J Simpson soit le premier à passer la barre des 2 000 yards au sol (1973).

Joueur complet pour son époque, Jim Brown était également dangereux dans les airs. Il termine sa carrière avec 2 499 yards et 20 touchdowns de plus dans ce secteur.

Mais au-delà des stats, certes exceptionnelles, Jim Brown était également un joueur d’équipe. Et son objectif était de remporter des titres. Dès sa saison rookie, il ne passe pas très loin car les Browns perdent en finale face à Detroit. Il affiche 85 yards et 1 touchdown sur cette rencontre. Le graal est obtenu en 1964, lorsque Cleveland domine largement les Baltimore Colts de Johnny Unitas (27-0). Brown gagne 114 yards au sol pour aider son équipe à l’emporter. Le doublé ne passe pas loin mais les Browns sont battus par Packers l’année suivante. Le RB fait un rare match discret avec 50 yards au sol et 44 dans les airs.

« Les yards ne sont pas le plus important. Avoir ton équipe qui remporte le championnat l’est. C’est pour cela que je travaille et cela demande un certain niveau de performance ». _ Jim Brown

Ce qui a également marqué, c’est son style de jeu. Ultra puissant, il aimait le contact et ne le refusait jamais. Très dur à stopper, il fallait souvent plusieurs plaqueurs pour le mettre par terre. Et malgré ce style rugueux et exigeant, Jim Brown n’a pas manqué un seul match.

« Soit sûr que quand quelqu’un te plaque, il se souvienne de la douleur » _ Conseil donné par Jim Brown à John Mackey en 1999.

L’annonce de sa retraite, à l’âge de 30 ans seulement, est une véritable onde de choc à Cleveland en NFL. Tout le monde est surpris par cette annonce car Brown est encore au sommet de son art. La raison n’est pas une blessure ou une baisse de niveau donc, mais un lien avec une autre passion qui animera la deuxième partie de sa carrière.

Palmarès

  • 1x Champion NFL
  • 9x Pro Bowl (chaque saison de sa carrière)
  • 8x All-Pro
  • 3x MVP (1957, 1958, 1965)
  • 7x Saison à plus de 1 000 yards au sol
  • 8x Leader de NFL en yards au sol
  • 5x Leader de NFL en touchdowns au sol
  • Hall of Fame (1971)

Stats en NFL (via Pro-Football-Reference)

AnnéeÉquipeMatchsYardsTD
1957CLE129429
1958CLE121 52717
1959CLE121 32914
1960CLE121 2579
1961CLE141 4088
1962CLE1499613
1963CLE141 86312
1964CLE141 4467
1965CLE141 54417

Jim Brown, l’acteur

Dès 1964, alors qu’il est encore joueur en NFL, Jim Brown démarre une carrière de comédien. Il joue dans un premier film (« Rio Conchos ») où il incarne un Buffalo Soldier.

En 1966, il est au casting d’un nouveau projet (« The Dirty Dozens »), un film sur la Seconde Guerre Mondiale. Mais de multiples reports du tournage entrainent un conflit avec le camp d’entrainement des Browns. Art Modell, le propriétaire de la franchise, met alors un coup de pression à son joueur et le menace d’une grosse amende. Jim Brown, qui avait déjà annoncé que ce serait sa dernière saison, décide d’anticiper sa décision… Plus tard, Art Modell admettra « s’être trompé » dans la gestion de cet évènement et il pense que Brown « aurait continué à jouer »…

Jim Brown Cinema
Jim Brown dans « The Running Man » (photo : IMDB)

Dès lors, Brown se concentre sur sa carrière d’acteur. Il obtient des rôles importants dans plusieurs films, comme « Ice Station Zebra », « Dark of the Sun » ou « The Spirit ».

Dans les années 70, c’est la mode d’un genre appelé « Blaxploitation », qui consiste à donner des rôles de personnages souvent controversés à des acteurs noirs. Ces films sont régulièrement critiqués, même si Jim Brown n’y a jamais prêté attention.

Il est toujours présent dans les années 80, avec quelques rôles importants, notamment aux côtés d’Arnold Schwarzenegger dans le film « The Running Man ». Ensuite, sa carrière va progressivement s’essouffler.

Un lien toujours présent avec le monde du sport

Malgré sa carrière de comédien, Jim Brown est resté lié au monde du sport. Consultant pour le football américain chez CBS, il est également appelé sur la boxe. En NFL, il joue les conseillers chez les Cleveland Browns. Brown revient également à ses premiers amours en étant le propriétaire d’une équipe de lacrosse (New York Lizards).

Il suit également de prêt les performances des joueurs de NFL, et notamment des running-backs qui pourraient menacer ses records. Si bien qu’en 1983, soit 17 ans après l’arrêt de sa carrière, Jim Brown veut tenter un comeback. Sa motivation est alors d’empêcher Franco Harris, le RB des Steelers, de battre son record de yards au sol. Il signe ainsi un contrat avec les Los Angeles Raiders, même s’il ne jouera pas.

Brown ne portait pas Harris dans son cœur, critiquant notamment son style de jeu basé sur l’évitement plutôt que sur le contact. « Je ne courrai jamais hors du terrain. Je baissais les épaules et j’essayais de casser les plaquages » a ainsi déclaré Brown.Franco Harris prend finalement sa retraite en 1984, sans battre son record, mais Walter Payton s’en charge la même année.

Toujours en compétition avec Harris malgré tout, il décide d’organiser une course. Harris, qui a 34 ans, remporte le 40 yards dash (en 5.16 secondes), et bat Jim Brown (47 ans, 5.72 secondes).

Une personnalité complexe

A l’issue de sa carrière en NFL, Jim Brown a souvent défrayé la chronique et fait parler de lui de manière plus négative. Il a ainsi eu de nombreux soucis légaux, avec plusieurs histoires de violence, notamment sur les femmes. De nombreux cas sont restés sans suite, d’autres ont abouti à des condamnations. Plus tard, Brown a admis ses problèmes : « J’ai fais des choses dont je ne suis pas fier »

Dans le même temps, il a toujours été très actif pour défendre les minorités. Il a ainsi créé de nombreuses associations et fondations et a participé à des évènements marquants. On peut ainsi citer la « Negro Industrial Economic Union » (renommée « Black Economic Union »), qui visait à aider la création d’entreprises gérées par des noirs. Il y a également « Vital Issues » (devenu « Amer-I-Can), créé en 1986 pour venir en aide à des membres de gangs où à des jeunes prisonniers. Ou encore « Ocean Productions », lancé en 1992 pour faciliter le travail dans le cinéma pour les minorités. Jim Brown a également été un membre très actif (avec Bill Russell ou Kareem Abdul-Jabbar) pour soutenir Muhammad Ali dans ses combats.

Jim Brown et Muhammad Ali
En bas, de gauche à droite : Bill Russell, Muhammad Ali, Jim Brown et Kareem Abdul-Jabbar (photo : Getty)

« Le jeune homme noir est la plus puissante source d’énergie et de changements que nous avons. Mon espoir est de donner une direction dans laquelle il sera respecté et inclus ». _ Jim Brown

Les meilleures actions de Jim Brown

Sources : Pro-Football-Reference, Sports-Reference, Pro Football Hall of Fame, Cleveland Browns, Browns Nation, NFL

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