[Légendes de NFL] – Walter Payton, un grand homme sur et en dehors du terrain
Nous profitons de la « RB Week » sur foot-US pour parler d’un running-back qui a marqué l’histoire par son impact sur le terrain et par son engagement en dehors. Joueur élégant et dominant, Walter Payton s’est ensuite battu pour des causes nobles. Parti trop tôt, il reste dans les mémoires en NFL, grâce notamment au trophée du « Man of Year » qui porte son nom.
Carte d’identité
- Walter Jerry Payton
- Né le 25 juillet 1954, à Columbia (Mississippi)
- 1m78 / 91 kg
- Position : RB
- Numéro : 34
Découverte du sport et ségrégation
Walter Payton a grandi dans le Mississippi, dans une famille de 3 enfants. Son grand-frère, Eddie, jouait au football américain. Walter refusait de faire de même, notamment pour ne pas être en compétition avec lui. Son premier centre d’intérêt a alors été la musique, et plus précisément la batterie, et il était même membre du groupe du lycée. Lors de sa première année à la Columbia High School, son seul sport est l’athlétisme, où il démontre une vitesse intéressante. L’année suivante, le coach de l’équipe de football lui demande de rejoindre l’effectif.
Et le jeune garçon va rapidement faire des prouesses au poste de running-back, avec notamment 65 yards et 1 touchdown lors de son premier match. Il marquera d’ailleurs au moins une fois lors de chaque match durant ses deux années dans l’équipe de Columbia. Il reçoit également de nombreuses récompenses dans l’état du Mississippi. En plus du football américain, Payton continue de jouer de la batterie dans le groupe de l’école, il poursuit l’athlétisme et brille en saut en longueur, et il joue même au basketball.
A la sortie du lycée, il est vu comme l’un des meilleurs prospects du pays en foot US, et plusieurs universités sont intéressées. En revanche, aucune offre ne vient en provenance de la prestigieuse conférence SEC, qui recrutait très peu de joueurs noirs à cette époque. Au départ, Walter Payton pense s’engager avec l’université de Kansas State, mais il décide finalement de rejoindre celle Jackson State, dans le Mississippi. Plusieurs raisons l’ont poussé à faire ce choix d’une petite université, principalement composée d’étudiants Afro-Américains. La première est le fait d’avoir grandi dans un environnement où la ségrégation était présente. La seconde est le fait que son frère Eddie jouait également là-bas. Ce dernier partira ensuite faire une carrière honorable comme kick-returner en NFL.
« Sweetness »
A Jackson State, Payton s’illustre sur le terrain, mais également à l’école car il obtient son diplôme en communication en seulement 3 ans et demi. Le temps de gagner tout de même 3 600 yards au sol pour les Tigers, et de battre un record de l’université en marquant 65 touchdowns.
Après une première année prometteuse, où il s’intègre à l’effectif, il commence à s’imposer l’année suivante. Son premier grand fait d’arme a lieu le 23 septembre 1972, lors d’une victoire 72-0 des Tigers face à Lane College. Walter Payton bat le record de l’université en gagnant 279 yards et il s’offre un record de conférence en marquant 7 touchdowns. En 1973, il établit un record de l’université en totalisant 24 touchdowns sur la saison, et il est élu « Black College Player of the Year ». Une distinction qu’il conserve l’année suivante. Durant son passage par Jackson State, il termine 4ème dans les votes pour le trophée Heisman, une performance pour un joueur d’une petite université.
C’est lors de ses années universitaires que Walter Payton acquière son surnom de « Sweetness » (douceur, gentillesse en Français). Plusieurs histoires circulent sur son origine. La première est liée à son style de jeu, qui savait être délicat malgré les punitions qu’il infligeait aux défenseurs. La seconde est plutôt en relation avec sa personnalité sur et en dehors du terrain. Réputé jovial et blagueur, il aidait souvent les autres. Durant l’université, il commence d’ailleurs à suivre un programme pour aider les personnes sourdes.
Légende du football universitaire, Payton a intégré le College Football Hall of Fame en 1996, et il a fait partie de la classe inaugurale du Black College Hall of Fame en 2010.
Stats au niveau universitaire (au sol uniquement)
Saison | Yards | AVG | TD |
1971 | 651 | 6.9 | 5 |
1972 | 781 | 6.3 | 15 |
1973 | 1 139 | 5.6 | 24 |
1974 | 1 029 | 5.9 | 19 |
Totaux | 3 600 | 6.0 | 63 |
Légende des Bears et de la NFL
Lors de la Draft 1975, Walter Payton est sélectionné en 4ème position par les Chicago Bears. A ce moment, la franchise de Chicago avait des résultats en berne et cherchait un nouveau running-back depuis la retraite de Gale Sayers en 1971. Et ils l’avaient enfin trouvé.
Le premier match NFL n’est pas une réussite pour Payton, puisqu’il ne gagne pas le moindre yard. Mais la machine va progressivement se mettre en marche et il termine son année rookie avec un match à 134 yards. Il s’illustre également sur les retours de coups de pied.
En 1976, pour sa deuxième saison pro, Walter Payton passe déjà la barre des 1 000 yards au sol. Il participe également à son premier Pro Bowl, dont il sera élu MVP. L’année suivante, il mène la NFL en yards au sol (1 852) et en touchdowns (16, dont 14 au sol). Face à Minnesota, il s’offre le record NFL avec 275 yards au sol, le tout alors qu’il avait la grippe et une forte fièvre. Son record tiendra jusqu’en 2000. A l’issue de cette saison brillante, il reçoit le trophée de MVP.
Il enchaîne ensuite les superbes saisons, avec plus de 1 000 yards à chaque fois (sauf en 1982, où la saison a été réduite par la grève). Payton est alors devenu le leader de la franchise, sur le terrain où le jeu passe par lui, mais aussi hors du terrain où son charisme et sa bonne humeur séduisent. Mais les résultats de Chicago ne sont pas terribles et il ne participe que 2 fois aux playoffs entre 1975 et 1982. Cette année, marquée par la grève donc, sera un tournant pour Payton et les Bears, puisque Mike Ditka est nommé coach.
Après une saison 1983 déjà plus prometteuse, Chicago va retrouver les sommets. Et Walter Payton se comporte en leader en signant plus de 1 400 yards lors de chacune des 3 saisons suivantes. En 1984, le RB devient le leader actif en yards au sol, en dépassant Franco Harris. Quelques semaines plus tard, il éclipse le record NFL historique de Jim Brown (12 312 yards). Cette année-là, les Bears échouent en finale de conférence.
1985 est l’année de la consécration. Payton continue de dominer, mais cette fois il est entouré. Le QB Jim McMahon émerge et la défense, l’une des meilleures de l’histoire, bat le record du plus faible total de points encaissés. Les Bears terminent avec un bilan de 15-1 et écrasent tout sur leur passage. Lors du Super Bowl XX, les Patriots ne font pas un pli (46-10). Walter Payton ne marque pas de touchdown durant le Super Bowl ni pendant les playoffs, mais sa présence est cruciale. McMahon résume parfaitement en disant qu’il « est ciblé par 2 ou 3 défenseurs sur chaque action, et cela libère d’autres joueurs qui peuvent briller ». De soliste brillant dans une équipe qui perd, Walter Payton est devenu un joueur d’équipe qui fait briller les autres. Un destin finalement assez logique quand on connaît sa personnalité.
L’année suivante, Payton gagne 1 333 yards pour sa 12ème saison en NFL. A 32 ans, il annonce que la saison 1987 sera sa dernière. Il partage alors le travail avec son successeur, Neal Anderson et signe le plus faible total de yards de sa carrière. Lors de chacune des deux dernières années, Chicago est sortie au Divisional Round par Washington.
Au moment de sa retraite, Walter Payton détient de nombreux records NFL :
- Yards au sol : 16 726
- Touchdowns au sol : 110
- Yards au sol sur 1 match : 275
- Matchs à plus de 100 yards : 77
- Saisons à plus de 1 000 yards : 10
- Réceptions pour un RB : 492
Véritable légende des Bears, où il a joué l’intégralité de sa carrière, Walter Payton a vu son numéro 34 être retiré par la franchise. Il a évidemment marqué l’histoire de la NFL et est entré au Hall of Fame dès 1993.
Stats et palmarès en NFL
- 9x Pro Bowl
- 5x All-Pro
- 1x MVP
- 1x OPOY
- Hall of Fame
Année | Matchs | Yards au sol | TD au sol | Réceptions | Yards dans les airs |
1975 | 13 | 679 | 7 | 33 | 213 |
1976 | 14 | 1 390 | 13 | 15 | 149 |
1977 | 14 | 1 852 | 14 | 27 | 269 |
1978 | 16 | 1 395 | 11 | 50 | 480 |
1979 | 16 | 1 610 | 14 | 31 | 313 |
1980 | 16 | 1 460 | 6 | 46 | 367 |
1981 | 16 | 1 222 | 6 | 41 | 379 |
1982 | 9 | 596 | 1 | 32 | 311 |
1983 | 16 | 1 421 | 6 | 53 | 607 |
1984 | 16 | 1 684 | 11 | 45 | 368 |
1985 | 16 | 1 551 | 9 | 49 | 483 |
1986 | 16 | 1 333 | 8 | 37 | 382 |
1987 | 12 | 533 | 4 | 33 | 217 |
Totaux | 190 | 16 726 | 110 | 492 | 4 538 |
Le style Walter Payton
“Ce n’est pas pour l’argent. Ce n’est pas pour les stats. C’est pour l’amour de ce sport et pour le jouer de la manière avec laquelle il doit être jouer ». _ Walter Payton.
Malgré son surnom « Sweetness », Payton avait un style dur pour ses adversaires. Son leitmotiv, repris comme titre de son autobiographie « Never die easy » incarne cet état d’esprit. Le joueur donne le crédit à son coach à Jackson State, Bob Hill, qui lui a appris à refuser de sortir du terrain et à punir les défenseurs.
Le mouvement signature de Walter Payton était le « Stutter-step », qui consistait à un pas haut et irrégulier pour distraire les défenseurs. Cela les forçait à anticiper le mouvement d’après et donc l’angle de poursuite. Et comme Payton maitrisait son geste et savait lire les défenseurs, il en profitait pour les contrer.
« Man of the Year »
En 1999, Walter Payton dévoile qu’il est atteint d’une maladie rare du foie, qui est surement la cause de son cancer. Durant ses derniers mois de vie, il va beaucoup œuvrer pour le don d’organes (qui n’était hélas plus une option pour lui). Il profite également de ce temps pour travailler avec un auteur sur son autobiographie « Never die easy ». Il décède quelques mois plus tard, à 45 ans seulement.
Sa mort est un choc et Payton est honoré par Chicago, la NFL et un pays tout entier. Son ancien coach, Mike Ditka déclarera simplement « il est le meilleur joueur que j’ai vu, point ». Bill Clinton, président des Etats-Unis à ce moment, avait lui appuyé sur « son courage et sa détermination ».
Ses prises de paroles sur le don d’organes ont considérablement aidé cette cause. Les dons ont d’ailleurs explosé à ce moment, et le travail a continué après sa mort, grâce notamment à la « Walter and Connie Payton Foundation ». Une fondation épaulée depuis 2002 par le « Walter Payton Cancer Fund ».
Toujours aujourd’hui, Walter Payton est une légende de la ville de Chicago, sa ville d’adoption. En plus d’avoir fait les beaux jours de la franchise, dont il est l’un des plus grands joueurs, il y a réalisé la majeure partie de son travail associatif et humanitaire. Des écoles, des routes et des services médicaux portent aujourd’hui son nom.
Payton est également une légende globale du football américain, et sa légende perdure notamment à travers de trophées. Au niveau universitaire, le « Walter Payton Award » est décerné chaque saison au meilleur joueur offensif de FCS. En NFL, le « Walter Payton Man of the Year Award » récompense les joueurs qui représentent l’excellence sur le terrain et hors du terrain par ses actions caritatives.
Sources : Pro Football Reference (stats), Pro Football Hall of Fame, NFL, Chicago Bears, Fox Sports, USA Today, SI
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